Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/126

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C’est dans cet artistique salon de Nina que je fis ainsi véritablement mes premières armes, et je devais bien cet hommage, ici, à la pauvre morte. Des gens, qui la connurent à peine, l’ont accablée de critiques acerbes en des articles de journaux, et nul de ceux qui pouvaient répondre, ayant une tribune prête, ne l’a fait. Et même, lorsqu’on la conduisit au cimetière — ah ! non pas comme elle l’avait voulu dans son testament, non pas en petite fête ! non — nous étions à peine une vingtaine. Comme articles jetés en guise de fleurs sur sa tombe, elle n’eut guère que celui-ci, qu’une amie des mauvais jours écrivit, au retour de cette cérémonie lamentable :

NINA DE VILLARD

« On l’a enterrée dans sa robe japonaise. La première fois que je la vis, elle la portait ; c’était un vêtement de satin noir, tout brodé de fleurs éclatantes et merveilleuses, acheté pour elle à Yeddo. Elle avait sur le haut de sa tête, massés en un nœud lourd, ses admirables cheveux sombres, luisants et lisses ; des épingles brillantes et bizarres, de la même provenance