Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/189

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chants publiés chez Hartman. Qui n’a fait que le lire, n’a point connu ce merveilleux artiste.

C’était Paul Mounet qui d’une voix métallique disait la Conscience, de V. Hugo, ou le Testament de Murger ; parfois, se déguisant en ouvrier, retroussant ses manches sur ses larges biceps, passant un foulard rouge autour de son cou solide, et laissant flotter une blouse bleue sur son dos, il jouait la Grève des Forgerons. C’était Villain[1] qui récitait la Ballade à la Lune, d’André Gill :

Bon sang d’bon dieu, fait-y un vent.
Je mets pas un pas l’un l’aut’ devant ;
J’arriv’rai jamai’ à Montrouge.
C’est-y qu’j’ai bu ; non, j’ai rien bu ;
Et d’abord ça m’est défendu
Si c’ n’est avec Alphonse Lerouge.

C’était Leloir[2] qui venait chanter d’une voix de fausset la si charmante et archaïque chanson, écrite par Émile Pessard, sur des paroles attribuées à Mlle  de Longueville :

Il est certain qu’un jour de l’autre mois
M’est advenu bien merveilleuse chose ;

  1. De la Comédie-Française.
  2. Alors, au troisième Théâtre-Français (ancien Déjazet), depuis à la Comédie-Française.