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Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/206

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L’AIGUILLE.

Une étrange nouvelle est ici parvenue !
On prétend qu’embusquée au milieu d’un fauteuil,
Une aiguille a percé votre peau blanche et nue,
Dans un endroit soustrait aux profanes coups d’œil.

Pardonnez-lui, madame, un crime involontaire,
Un crime non commis dans un but libertin,
Sans doute elle pensait remplir son ministère,
Et n’être pas coupable en piquant du satin.

Dieu merci ! de la peur que vous avez conçue
Il ne vous reste plus qu’un cuisant souvenir.
Et cette histoire a pris une comique issue,
Alors qu’elle pouvait tragiquement finir.

Ah ! madame, pour vous quelle triste aventure !
Quel deuil pour votre époux ! si, s’égarant ailleurs,
Cette aiguille, exercée à l’œuvre des tailleurs,
Au lieu de faire un point, eût fait une couture.

Les hydropathes changèrent plusieurs fois de local. La rue de Jussieu, derrière les animaux féroces du jardin des Plantes, les vit longtemps, puis une cave sise sous le café de l’Avenir, 1, place Saint-Michel ; le public se renouvela plusieurs fois, les poètes jeunes vinrent : Laurent Tailhade, Jean Moréas, d’Esparbès, Marsolleau, Ajalbert, etc.

Quant au public, il ne s’agirait plus d’être Homère pour le dénombrer, Bottin y suffirait à