Aller au contenu

Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Ricouard et les chefs de la prose, Harry Alis, Guy Tomel et Champsaur. Pour la poésie, je vois des disparus, comme Jules Aubry — grave professeur de droit, en province aujourd’hui — avec les Moulins de pierre, dont je veux citer les premières strophes :

Vous êtes les géants superbes de la plaine,
Ô vieux moulins à vent sur le sol accoudés,
Et, dans les champs baignés de lumière sereine,
J’aime à voir se dresser vos profils dénudés.

J’aime vos toits en cône et vos murailles grises,
Et le vol des oiseaux qui vient raser vos flancs,
Et vos ailes de toile où palpitent les brises,
Et vos meuniers pareils à des fantômes blancs.

Mon œil se plaît souvent, ô mes bonnes tourelles,
À voir dans l’air sonore et rempli de frissons,
S’ébranler lentement vos gigantesques ailes,
Quand le vent qui se lève incline les moissons.

Vous êtes les joyeux travailleurs que la brise
Anime incessamment à grands coups d’éventail,
Et vous m’égayez l’âme, ô clochers sans église,
Où sonne tout le jour la messe du travail…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’aurais voulu citer aussi les premiers vers de Théodore Massiac[1] (qui, aujourd’hui, écrit

  1. Massiac imagina, d’après un usage très ancien, de mettre des minuscules en tête des vers.