Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/284

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parodie d’Adoré Floupette (Henry Beauclair et le poète, Gabriel Vicaire)[1], le petit opuscule intitulé les Déliquescences, fut remarqué par Paul Arène, qui en parla longuement dans Gil Blas. Cela fit connaître les jeunes décadents. Durant la décadence romaine, il y eut de petits poètes poetæ minores, qui usèrent et abusèrent des rythmes, des allitérations, des jeux de phrases, des contournements, tel Claudien, par exemple. Quelques poètes parnassiens, les tenant en grande estime, se comparaient à eux. De plus, le mot décadence implique, outre l’affectation dans le style, un certain désordre dans le fond, mélange hybride des vieilles religions et des mœurs raffinées ; c’était cela aussi que visaient les décadents ; un sadisme particulier où l’encens catholique se subodore dans des lieux infâmes, et où le sanctuaire a des relents de poudre de riz ou même d’eaux de cuvette.

Paul Verlaine, lui, est un vrai décadent. Mais les autres, plus mystiques encore, s’éloignèrent à travers la forêt grammaticale, et prenant à la musique son vague et sa puissance,

  1. Gabriel Vicaire vient d’obtenir le prix pour la cantate officielle de 1889.