Aller au contenu

Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Paris et des Parisiennes. Sapeck, ne pouvant pas leur envoyer ce qu’ils réclamaient, leur conseilla de revenir de l’exil. Ainsi firent-ils.

Maurice Bouchor ne s’était lancé dans la fantaisiste bohème que par goût et non par force, comme tant d’autres, comme Richepin, le roi des gueux. Bouchor, le créole roux, à la tête anglo-saxonne, solide buveur, au teint rosé, était dès lors riche et ne ressemblait guère aux pâles poètes qui usent contre la misère la fraîche fleur de leur jeune gaieté.

Parmi ses camarades, il fut édité le premier, tandis que Richepin colportait ici et là sa Chanson des Gueux, Paul Bourget sa Vie inquiète, Maurice Rollinat son Poème des Brandes.

Chose étrange ! il devint cependant le plus spleenétique. Ses Chansons joyeuses ne tardèrent pas à se transformer en mélancoliques sonnets, en contes tristes. D’année en année, il s’éloigna de ses frères d’armes de la première heure ; il se mit à adorer la musique et voire la mathématique. À l’heure où j’écris, il est peut-être plongé dans le Calcul différentiel[1]

  1. Ces études musicales et mathématiques, n’étaient qu’une préparation à une synthèse. Maurice Boucher, dans les Sym-