Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/55

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À cette époque, Jean Richepin faisant allusion sans nul doute à quelque amour profond, et sans guérison possible, lui adressait le sonnet suivant :

Que ta maîtresse soit ou blonde, ou rousse, ou brune,
Qu’elle vienne d’en haut, ou d’en bas, ou d’ailleurs,
Crains l’abandon certain promis par les railleurs.
La femme et ses désirs sont réglés sur la lune.

Tous les amours du monde ont une fin commune.
Ta maîtresse prendra de tes ans les meilleurs,
Et les effeuillera sous ses doigts gaspilleurs.
La femme est un danger, quand on n’en aime qu’une.

Aime-les toutes, c’est le parti le plus sûr ;
La brune aux yeux de nuit, la blonde aux yeux d’azur,
La rousse aux yeux de mer, et bien d’autres encore.

Ne fixe pas ton cœur à leurs cœurs décevants !
Mais change ! L’homme heureux est celui que décore
Un chapeau d’amoureux qui tourne à tous les vents.

Ce à quoi Bouchor répondait simplement : — Je suis monogame !

Richepin, entre temps, avait trouvé un éditeur, Maurice Dreyfous. J’entends encore le

    boles, son dernier livre, a, comme un mage, présenté les rites anciens et modernes sous le vêtement sacré des rythmes poétiques.