Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/69

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comme il a renouvelé l’histoire. Apporte-t-il avec lui une poésie nouvelle, destinée à occuper une place brillante entre la poésie historique si merveilleusement représentée par Leconte de Lisle, et la poésie romantique dont les élèves de Hugo portent avec vaillance le vieux drapeau ? Pour ma part, je le crois en toute sincérité de conscience. Je vois nettement ce qu’il faudrait faire pour que cette poésie fût créée. Hélas ! il me suffit de relire Edel pour constater une fois de plus que, dans la littérature comme dans la vie, l’homme réalise malaisément ses rêves. »

À noter en ces lignes la proclamation de la supériorité de Balzac sur Hugo, l’allusion à Claudien, et la tendance accusée vers l’analyse psychologique.

Seulement les façons brutales de la vie des routes et grands chemins, l’atmosphère des rues, des caboulots, le goût du noctambulisme, les petites fêtes de la bohème lui répugnaient :

Je m’assis dans le coin isolé d’un café ;
Je regardais dans l’air épais et surchauffé
Se pencher sur leur verre où blanchissait l’absinthe
Des hommes de trente ans qui, la prunelle éteinte,
Déjà chauves, fumaient en lisant un journal.