Aller au contenu

Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Les chiens ne montent pas dans le tramway.

L’illustre Sapeck ne se laissa point démonter pour si peu, et, saluant le conducteur, descendit ; puis, voyant ce bureaucrate occupé à recueillir sa recette, héla un fiacre vide qui passait, mit le chien Tenny sur les coussins, et, refermant la portière, pria le cocher de suivre le tramway. Dès lors, joyeux, il remonta sur la plateforme.

Le conducteur, au moment où l’illustre Sapeck tendait ses six sous, reconnut en lui l’homme au chien, et déclara péremptoirement, qu’ayant une bête en poche, il ne pouvait participer à l’honneur, que fait aux humains, en les voiturant, la Compagnie générale des Tramways, à la condition expresse que les susdits humains soient dépourvus de tout alliage animal.

L’illustre Sapeck jura ses grands dieux qu’il ne possédait aucun chien. À la prochaine station, on s’arrête. Discussion. Le contrôleur demande où est le chien que le conducteur prétend avoir vu. La controverse n’en finit pas. Les voyageurs de l’impériale, plus mal informés que ceux de l’intérieur, se dressent,