Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/79

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Hurrah ! voici l’automne,
Le vin fume et bouillonne ;
Déjà je déraisonne.

Nous allons, mes amis,
Boire, hélas ! j’en frémis,
Comme il n’est pas permis.

Déjà je suis en proie
À la plus belle joie
Et mon cher nez rougeoie.

Buvons, mangeons, dansons.
Amours, blonds échansons,
Versez-nous des chansons.

Prenons ces forteresses :
— J’ai nommé nos maîtresses ! —
Là, dénouons leurs tresses ;

Et nous les coucherons
Dans la vigne, et mettrons
Des rubis sur leurs fronts.

— Danse, mon araignée,
Ma bouche a l’air, baignée
De vin, d’une saignée.

Vin, tu portes conseil.
Je bois ton fils vermeil
À ta santé, Soleil !

À la vôtre, mignonne,
Dont le nez vermillonne
Et qui m’êtes si bonne !