Page:Gouges-comediens-demasques.djvu/53

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blic ; qu’elle punit l’aristocratie des riches, autant que la Bastille celle du despotisme ; que le caprice de quarante colons ne pouvoit balancer la volonté générale et mes droits de propriété. Vains efforts pour ramener à des principes de justice des hommes qui ont décidé de s’en écarter : on m’objecte que mon drame est incendiaire, qu’il peut occasionner une insurrection dans les Colonies. « Eh ! Messieurs, nous sommes à Paris ; ce n’est pas devant des Nègres que mon drame sera joué ; je vous soutiens qu’il les porteroit au contraire à la soumission ; que tout y respire les bonnes mœurs, l’obéissance aux loix. Comment se fait-il que ce drame reçu il y a huit ans, et censuré sous l’influence du despotisme, comment se fait-il qu’aujourd’hui il est incendiaire ? Est-ce ainsi que raisonnent des hommes aggrandis par l’influence de la liberté ? Quoi ! la cabale de quelques colons et la tyrannie histrionique l’emporteront sur l’intérêt public, sur la plus lumineuse équité : et l’an premier de la liberté se souillera d’une injustice que n’eussent produit ni l’ignorance, ni la barbarie du régime féodal ! »

Comme j’avais perdu ma cause avant de