Page:Gouges - Départ de M Necker, 1790.djvu/10

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originales en ce moment, quand je pense que l’égalité parmi les hommes ne peut avoir lieu que quand l’ignorance est égale : eh ! où est cette universelle ignorance ? cette universelle égalité ? tout, dans la nature, est subordonné ; tout est soumis à une certaine supériorité dans ses trois règnes.

Mais ce n’est point de la philosophie dont je veux embellir mes adieux ; souffrez un bavardage plus utile à ma patrie et à vous-même, Monsieur ; oui, un bavardage, je tranche le mot ; car souvent la multitude de mes idées m’égare, et j’ai alors bien de la peine à me retrouver ; c’est ce qui a fait dire souvent à mes lecteurs : « si cette femme n’avoit pas de fusées dans la tête, elle nous diroit quelquefois d’excellentes choses ». Prenez donc mes adieux tels qu’ils seront ; je suis, dans mes écrits, l’élève de la nature ; je dois être, comme elle, irrégulière, bizarre même ; mais aussi toujours vraie, toujours simple.

Quel est donc, direz-vous, quel est donc le but de cet écrit ? Ah ! sans doute, j’en ai plus d’un, et tous, j’ose le dire, sont bien louables. Je voudrois que le roi de France remontât sur son trône ; que la nation reconnût qu’il en est descendu pour le malheur de la France ; que les