Page:Gouges - Départ de M Necker, 1790.djvu/12

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et porter jusqu’aux nues ; mais comment une ame droite, un cœur désintéressé pourroient-il se ranger dans un de ces deux partis qu’on appelle aristocratique et démocratique ? Quant à moi, Monsieur, je les trouve anti-patriotiques ; tous deux m’ont navré le cœur, et tous deux ont été tour-à-tour le sujet de mes plaintes. Je n’ai rien négligé pour les ramener au vrai ; quelle qu'ait été la foiblesse de mes écrits, ils ont eu au moins le mérite rare d’avoir osé fronder la force et la violence de ces deux partis extrêmes.

M. le duc d’Orléans m'a donné une preuve bien sensible de son ressentiment, et ne m’a point pardonné. Mon fils étoit placé dans un des départemens de ses apanages, et mon fils, par son ordre, a aussi-tôt été rayé de son emploi. Que je sais gré à ce prince de ce ressentiment, puisqu’il m’a convaincue que mes soupçons n’étoient point déplacés ! Ce n’étoit donc pas assez de m’être ruinée en impressions pour essayer d’éclairer ma patrie ; je lui ai encore sacrifié le sort de mon fils. Je ne me repens de rien, et mes seuls regrets sont de n’avoir pu parvenir à détourner les maux que j’avois prévus depuis long-tems, et que j’avois manifestés dans mes écrits, avant la convocation même des états-généraux ; mais M. le duc d’Orléans