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Page:Gouges - Départ de M Necker, 1790.djvu/14

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montré tout entier dans ses interrogatoires ; oui, Monsieur, à sa place j’aurois répondu à mes juges avec fermeté : « Dressez vos potences, j’ai voulu sauver mon roi, voilà mon crime, et je m’en fais gloire ; mais ce projet que je méditois en silence, et qui, malheureusement, n’a point eu d’effet, vous paroît-il plus criminel que celui de ces infâmes brigands, qui ont assailli et repoussé les gardes-du-corps, enfoncé les portes du palais de nos rois, égorgé, sans pitié, des sentinelles qui devoient mourir dans leur poste, violé l’appartement du souverain, et poursuivi la reine jusque dans son lit ? Cependant, ces misérables attentats demeurent impunis, et moi..., on me mène à la mort »...

Favras est mort, Monsieur, en grand homme ; mais il a dissimulé la vérité à ses juges, et voilà son seul tort à mes yeux. Je ferois moi-même aujourd’hui ce qu’il a fait, si je croyois, comme lui, que les jours de mon roi ne fussent pas en sûreté ; mais souvenez-vous, Monsieur, de la séance royale aux états-généraux. On a dit que vous aviez guidé cette démarche ; et votre exil vous en a dérobé le blâme, et vous partîtes couvert de gloire. La cour, par cet acte de rigueur, fit un pas rétrogradé, et je la vis perdue dès ce moment.