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Page:Gouges - Départ de M Necker, 1790.djvu/15

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Avertie, par les plus grands hasards, que le projet de vous renvoyer, et de faire approcher l’armée vers Paris, se machinoit dans les ténèbres, j’osai par un écrit, aussi-tôt imprimé que conçu, avertir sa majesté du danger où la présence des troupes, et votre départ, alloient la précipiter. Un zèle, sans doute plus fort que la timidité de mon sexe, me fit monter au château avec la plus grande intrépidité ; mais aussitôt des personnages que je ne nommerai point, voulurent me détourner de ma résolution. Il n’y auroit eu que la force qui m’auroit pû faire abandonner mon entreprise ; mais ce projet échoua de lui-même, parce que le roi ne sortit point de son appartement. En vain, je fis répandre cet écrit dans le palais, en vain trois mille exemplaires furent-ils distribués dans Versailles ; aucun, sans doute, ne pénétra jusqu’au cabinet du monarque. Cependant le parti de la cour, alors tout puissant, n’ignorant point ma démarche et l’existence de mon ouvrage, n’appesantit pas sur moi son pouvoir ; mon zèle lui parut sans doute une excuse, et les portes de la Bastille, qui s’ouvroient facilement alors, restèrent fermées pour moi. J’avois vraisemblablement à cette époque, en excitant les craintes de la cour, mérité son ressentiment, et je ne