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Page:Gouges - Départ de M Necker, 1790.djvu/16

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pouvois que lui paroître importune et même odieuse ; mais, Monsieur, comme vous le savez, la cour pouvoit être prodigue et menaçante, mais elle n’étoit pas meurtrière ; et quand le parti démocrate s’est vu le plus fort, a-t-il pu savourer pendant trois mois les préparatifs de la mort d’un homme qu’il a condamné au supplice, avant qu’aucun decret de l’assemblée nationale eût prononcé sur la nature de sa faute ?

On assure que dans l’instant horrible où le bourreau exerçoit la plus cruelle des fonctions, on lui crioit de toutes parts, bis, bis. Tant de barbarie avoit été jusqu’en ce moment étrangère aux François ; ah ! Monsieur, (permettez-moi cet élan, c’est le cri de la nature ;) je ne suis plus françoise, si mes concitoyens sont devenus si féroces.

Quoi ! M. de la Fayette, cet homme si puissant sur l’esprit du peuple, n’a point cherché à exciter la compassion générale ! une telle grace étoit digne d’être obtenue par un guerrier si magnanime. Jusqu’à présent j’avois pensé que son cœur étoit sans reproche ; je me plais à croire qu’il l’est encore ; mais Favras est mort entouré de la garde nationale qu’il commandoit.

Plusieurs personnes ont cru que j’avois voulu persifler M. de la Fayette, dans les éloges que