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Page:Gouges - Départ de M Necker, 1790.djvu/17

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j’ai fait si sincèrement de son mérite. Voici quelle a toujours été mon opinion sut le compte de ce général ; l’avenir la justifiera ou me fera reconnoître mon erreur.

J’ai cru, pour le bien du roi, de la nation, et de tous les citoyens, que M. de la Fayette avoit accepté cette place dans la seule intention de les réunir un jour. Rien n’étoit respecté, la subordination avoit disparu, et le désordre lui avoit succédé. Les brigands, mêlés parmi les bons patriotes, excitoient la confusion et le désespoir ; la flamme étoit prête à s’allumer, et les citoyens paisibles en danger. M. de la Fayette, comme un Dieu tutélaire, se met à la tête de cet amas confus ; le désordre disparoît, les esprits s’appaisent, une douce confiance rassure tous les cœurs, et M. de la Fayette est enfin nommé généralissime. Quant à moi, je pense qu’il quitteroit avec plaisir sa place, si l’émulation de l’industrie et du commerce pouvoient faire disparoitre cette émulation militaire, infructueuse, ruineuse pour les citoyens, et les ramener à leur maison et à leurs affaires.

À ce sujet, je vais vous faire part, Monsieur, d’une anecdote, quoiqu’un peu gaillarde pour être racontée par une femme, mais une femme