Page:Gouges - Départ de M Necker, 1790.djvu/19

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toute épreuve ; la gloire seule a droit de l’orner. Cette femme ne se connoît plus. — Ne menais pas parler, lui dit-elle en fureur, car si je disois tout, tu verrois que tu n’y trouverois plus de place pour y poser une seule feuille de laurier. — Va, mon enfant ; (lui dit le mari magnanime,) si tous les C… étoient aristocrates, la contre-révolution se seroit faite depuis long-tems ». Mais l’acquéreur s’en fut sans rien acheter, et se promettant bien de ne plus revenir dans cette boutique. Voilà le danger.

Cette anecdote est au fond exacte, Monsieur, mais comme on dit, une anecdote en amène une autre, écoutez celle-ci.

Je passois avant hier, dans un carosse de place, par la rue Coquillère, au moment où un garde national blanchissoit, à sa porte, sa veste d’ordonnance ; la poussière que répandoit l’espèce de craie dont il la frottoit formoit un nuage, qui, sans exagérer, remplissoit la moitié de la rue ; personne ne pouvoit se distinguer, et les passans pestoient de bon cœur contre la grande propreté de M. le garde national. Mon cocher ne manqua pas, comme un autre, de dire son petit mot ; et le petit mot de ces gens-là ne va pas sans invectives et sans injures. Arrivée chez moi,