Page:Gouges - Départ de M Necker, 1790.djvu/20

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je lui demandai pourquoi il avoit insulté un homme qui paroissoit si dévoué à la patrie, aux dépens même des yeux de ses concitoyens : « — Ah ! les B... que ces gardes nationaux, la plupart nous rossent et nous paient fort mal, et par là-dessus nous mourons de faim. J’avions six voitures bien attelées, et j’en avons vendu quatre pour faire rouler les deux autres qui nous restent. J’étions bien démocrates dès le commencement de la révolution, croyant qu’il y avoit queuq’chose à gagner ; mais je sommes actuellement aristocrates comme un chien ».

Voilà, direz-vous, une aristocratie bien mal attelée ; passons. Mais que d’embarras, que de bruit, que de tems perdu pour une veste de munition !

Certains papiers publics nous apprennent, Monsieur, qu’une fille vierge, toute en Dieu, et de la part de Dieu, nous prédit de grands événemens, la guerre civile, et la contre-révolution ; et moi j’annonce, de la part du bon sens, à tous mes concitoyens que cette contre-révolution aura lieu peut-être, mais sans la guerre civile, sans les efforts des puissances étrangères, et qu’elle s’opérera naturellement d’elle-même, en partie, si elle ne s’opère pas en entier, et par la force des choses, sur-tout si les françois vont