Aller au contenu

Page:Gouges - Départ de M Necker, 1790.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vont encore six mois du train qu’ils ont été jusqu’à présent, on détruit, et on ne rétablit rien ; tout le monde veut commander, personne n’obéit ; tout est anéanti ; tout est dans un désordre effroyable ; l’engouement de la liberté tourne encore la tête aux François. Mais cet engouement une fois disparu, ils reconnoîtront, j’espère, qu’un seul maître est plus utile aux hommes, que si tous les hommes étoient maîtres à la fois. Je pense que M. de la Fayette attend ce moment avec impatience, ou bien je n'entends rien à sa politique. Certes, s'il ne fait point un changement, l'anarchie se perpétuera, la misère achevera d’affoiblir la France, cette France jadis si enviée pour le bonheur dont elle jouissoit, et sur le sort de laquelle je verse en ce moment des larmes de sang. O ma patrie ! les ennemis sont dans ton sein, ce sont tes propres enfans qui contribuent à ta perte ; et si un généreux retour ne les ramène à toi, tu vas devenir la proie des puissances étrangères qui comptent déja ta chûte au rang de leurs conquêtes.

Puissent ces réflexions, Monsieur, toucher tous les cœurs des François, comme elles ont pénétré le mien, et les porter à adopter le seul parti qui peut tout réparer !

Vous avez encore, dit-on, au sujet de l'éta-