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Page:Gouges - Départ de M Necker, 1790.djvu/8

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veuille profiter de la défaveur dont le public, aujourd’hui moins enthousiasmé, vous accable ; je me suis permis quelquefois de vous donner des avis, dans le temps que vous étiez le Dieu de la France ; avis que vous avez mal saisis et auxquels vous n’avez pas même daigné répondre, quoi que vous les ayez mis en usage trop tard l’année suivante. Eh bien ! je n’ai point de rancune, et je veux encore vous donner un conseil ; si vous refusez de nouveau de m’écouter, tant pis pour vous ; le plus grand homme ne s’abaisse point en recevant les avis d’une femme, quand ils ne tendent qu’à l’élever.

Vous reçûtes le premier l’hommage de mon projet d’une caisse patriotique ; tous les ministres m’en firent leurs remercîmens, et quoique, dans cet écrit, je n’épargnâsse pas les hommes en place, leur caractère despote s’étoit du moins contraint jusqu’à répondre le plus poliment possible au zèle d’une femme et au but louable de ses écrits.

Vous seul, Monsieur, avez paru me dédaigner, et vous me forcez à vous en faire un reproche public ; mais que dis-je ! ce n’est point le ressentiment de votre conduite qui m’anime aujourd’hui, c’est l’amour de ma patrie ; et quand les hommes sont véritablement grands, je sais leur