Page:Gouges - Description de la fete du 3 juin, 1792.djvu/15

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amis, parens de Coblentz, tous vous êtes étrangers. Si le roi des français seconde véritablement votre entreprise, comme tout bon citoyen doit le croire, son peuple saura bien détruire ses ennemis du dedans : chargez-vous de ceux du dehors, et ça ira.

Les vrais amis du bien public m’accorderont, sans doute l’indulgence que mérite mon attachement pour la bonne cause. Si je ne possède pas l’art d’écrire, je possède du moins la vertu de bien penser, en dépit de l’envie et de la persécution dont on m’abreuve journellement ; le temps ne me permet pas d’achever ; les méchans me poursuivent : ils ont bien poursuivi l’auteur de l’auguste contract social ; mais les méchans périssent et l’innocence triomphe.

Je me permettrai d’ajouter que, menacée d’une fluxion de poitrine, j’ai quitté mon lit pour m’occuper de ma patrie. Ah, le bon médecin que la patrie pour une ame civique ! d’une maladie sérieuse, je suis passée rapidement à une santé robuste ; cependant je crois que cette production se ressent de la foiblesse de mes esprits ; c’est l’effet de ma létargie. Puisse mon délire devenir épidémique, et enfiévrer tous les frauçais de l’amour de la patrie.

Les émigrans disent que nous ne sommes déjà que trop fous. Oui, malheureusement pour nous divisier : il est bien nécessaire que je dise deux mots à ce suget, sur la rencontre que j’ai fait d’un ex-marquis, jeudi 23 mai 1792.

Ah ! vous voilà, madame Degouges, s’écria-t-il de loin ? et comment vous portez-vous ? cahin caha, n’est-ce-pas ? Qu’appelez-vous cahin caha ! me prenez-vous pour un aristocrate ? apprenez que je suis solide dans ma marche est ferme sur mes pieds. Est-il possible qu’une femme d’esprit, ajouta-t-il, ait em-