de l’existence peu fortunée qu’elle avait partagée avec mon père. Aussi accourut-elle, en grand émoi, conter ses doléances au proviseur, M. Poirson.
Celui-ci la rassura :
— Ne craignez rien, lui dit-il ; votre fils ne sera pas musicien. C’est un bon petit élève ; il travaille bien ; ses professeurs sont contents de lui ; je me charge de le pousser du côté de l’École normale. J’en fais mon affaire ; soyez tranquille, madame Gounod, votre fils ne sera pas musicien !
Ma mère partit toute remontée. Le proviseur me fit appeler dans son cabinet.
— Eh bien ? me dit-il, qu’est-ce que c’est, mon enfant ? tu veux être musicien ?
— Oui, monsieur.
— Ah çà, mais tu n’y songes pas ! Être musicien, ce n’est pas un état !
— Comment ? monsieur ! Ce n’est pas un état de s’appeler Mozart ? Rossini ?