Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/54

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Et je sentis, en lui répondant, ma petite tête de treize à quatorze ans se rejeter en arrière.

À l’instant, le visage de mon interlocuteur changea d’expression.

— Ah ! dit-il, c’est comme cela que tu l’entends ? Eh bien, c’est bon ; nous allons voir si tu es capable de faire un musicien. J’ai depuis dix ans ma loge aux Italiens, et je suis bon juge.

Aussitôt il ouvrit un tiroir, en tira une feuille de papier et se mit à écrire des vers. Puis il me dit :

— Emporte cela et mets-le-moi en musique.

Je jubilais.

Je le quittai et revins à l’étude ; chemin faisant, je parcourus avec une anxiété fiévreuse les vers qu’il venait de me confier. C’était la romance de Joseph : « À peine au sortir de l’enfance… »