Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/55

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Je ne connaissais ni Joseph ni Méhul. Je n’étais donc gêné ni intimidé par aucun souvenir. On se figure aisément le peu d’ardeur que je ressentis pour le thème latin dans ce moment d’ivresse musicale. À la récréation suivante, ma romance était faite. Je courus en hâte chez le proviseur.

— Qu’est-ce que c’est, mon enfant ?

— Monsieur, ma romance est faite.

— Comment ? déjà ?

— Oui, monsieur.

— Voyons un peu ! chante-moi cela.

— Mais, monsieur, il me faudrait le piano, pour m’accompagner.

(M. Poirson avait une fille qui étudiait le piano, et je savais qu’il y en avait un dans la pièce voisine.)

— Non, non, c’est inutile ; je n’ai pas besoin de piano.

— Mais, monsieur, j’en ai besoin, moi, pour mes harmonies !