Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rosalie ; sauf le petit Tribly, je ne vois rien de jeune dans la cambuse.

— Qu’est-ce que c’est que Tribly ?

— Le petit à la chienne de garde, la vieille Branchote.

— Quel bonheur ! exclama Michelle, qui avait passé son enfance à souhaiter un chien. Qu’est-ce qu’il y a d’écrit sur ton bateau ?

— Il y a Alcyone, c’est son nom, ma petite ; depuis dix ans, le pain que je mange, c’est à ma barque que je le dois. Allons, tiens, nous arrivons ; vois le donjon, là-haut, c’est la Roche-aux-Mouettes.

Voyons souque ferme, petiote, et « dérape » ; ça y est. »

Le marin avait engagé la barque dans la passe, et la quille s’enfonçait dans un sillon de sable mouvant.

Il enleva l’enfant, la posa à terre, saisit la corde, la lia ferme au piquet et :

« En route, il faut courir des bordées pour grimper la pente, c’est raide, courage. »

Michelle suivit son compagnon. C’était très drôle cette liberté, très amusant. Le vent de mer chassait sa petite jupe courte sur ses jambes nues, ses boucles rousses entraient dans ses yeux, elle avait ramassé de larges algues et s’en était fabriqué une ceinture. De ses doigts menus, elle faisait claquer les boules brunes de goémons. Rieuse, fraîche, elle trottinait derrière son grand camarade.