— Le brave cœur !
— Nous amenons beaucoup de blessés, Edvig ; avez-vous une installation où nous puissions les mettre ?
— Tout ce qu’il faut est préparé. Les salons sont convertis en salles d’hôpital et les châteaux voisins des frontières ont agi comme nous, de sorte que nos pauvres blessés sont vite et bien secourus.
— Ce sont… des Français que j’amène.
— Les malades sont frères ; ils ont un droit égal à nos soins. Michelle, nous avons deux salles d’ambulance, je vous laisse la direction du quartier français, je me consacre à l’autre.
— Merci, fit Michelle émue, merci Edvig, je serai à la hauteur de ma tâche. »
À l’instant, même, on procéda à l’installation des blessés.
Ce fut dès lors une vie réglée, où les services, organisés militairement par la sœur du général, ne laissaient rien à désirer.
Minihic faisait partie du quartier français, naturellement. Il était inlassable et vaillant, nuit et jour, toujours aux aguets d’un secours à offrir. Quand un homme pouvait parler, dire un peu les nouvelles de la France, le petit Breton s’installait près de lui, écoutait le cœur au loin…
Un jour, sa maîtresse l’avait envoyé un instant au parc. Il était blême et fatigué, un peu d’air lui serait salutaire, elle lui ordonna d’aller surveiller les enfants. Le garçon obéit.
Wilhem et Heinrich, entourés de gamins, jouaient à leur éternel jeu de bataille. Ils avaient affublé un homme de paille de l’uniforme français, l’avaient campé sur un socle, et ils tiraient dessus, avec d’inoffensives carabines, s’en servant comme d’une cible.
Le groom, à cette vue, eut une poussée de colère. Il arracha au fantoche le costume de ses frères à lui et comme Wilhem tem-