Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/292

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Elle tendait à l’obligeant inconnu une pièce de cinq marks.

« Ah ! pour ça non, refusa le brave homme, c’est pour le plaisir que m’a fait votre société, bien le bonjour et bon voyage. »

Elle le remercia sincèrement et prenant son fils par la main.

« Viens, éveille-toi, mon mignon, nous allons nous rendre à l’hôtel. »

Heinrich sourit et se mit à sauter, pour s’échauffer, les ruisseaux larges et profonds ainsi que des petits canaux qui sont une des spécialités de Fribourg.

Ils tournèrent plusieurs rues et arrivèrent à l’avenue de la gare, là se dressait Victoria-Hôtel ainsi qu’un sombre massif.

La comtesse Hartfeld avait plusieurs fois déjeuné au restaurant de l’hôtel avec son mari, elle connaissait la maison. Elle demanda une chambre, du thé pour son fils et elle se hâta de le mettre au lit. L’enfant n’en pouvait plus, elle-même presqu’à bout de forces.

Depuis deux jours, elle mangeait à peine et ne dormait pas.

Après leur léger repas, la mère et le fils purent goûter un repos dont ils avaient le plus grand besoin. Malgré leur fatigue, ils s’éveillèrent tôt, préoccupés de leur départ. Michelle procéda à la toilette d’Heinrich, tout en lui faisant ses recommandations.

« Tu ne parleras que français, et le moins possible en voyage : tu ne diras pas ton nom, je t’appellerai Henri comme dans mon pays.

— Oui, ma petite mère, tu peux compter sur moi.

— Maintenant, prions le bon Dieu qui nous a si visiblement épargnés pendant ce voyage. Pourvu que mon pauvre Wilhem n’oublie pas sa religion loin de moi.