Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/342

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Henri et François aimaient cette vie active. Juste après six mois de séjour au corps, ils étaient caporaux, leur livret vierge de toute punition. Après les grandes manœuvres d’automne, ils obtiendraient les galons de sous-officier.

Maintenant, sur le même pied, liés ainsi que des frères, François évitait tout ce qu’il pouvait de corvées à son compagnon. Il le protégeait, le soignait en toute occurrence, et Michelle était tranquille pendant les longues marches par suite de cette attentive amitié qu’elle avait attachée à son fils.

Dès le commencement de septembre, tout le régiment fut en l’air, on partait pour les frontières, on allait faire la petite guerre. Les soldats se réjouissaient, bien équipés, bien entraînés, ils allaient essayer leurs forces se passionnant pour leur parti.

Michelle seule s’inquiétait. Henri avait un gros rhume et les nuits sous la tente ne lui semblaient guère propices à son rétablissement. Elle eut alors l’idée de louer une voiture, sorte de cantine à deux roues, et de se tenir, autant que possible, à portée des rencontres. Là-dedans, elle avait entassé de bonnes provisions et des vêtements de rechange.

On la « blaguait » un peu au régiment ; mais elle riait la première, amusée elle-même de cette course au grand air et des sommeils dans sa « roulotte », ayant gardé