Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/98

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Pendant ce temps, le maître de maison, le général Otto Herdeswatz, faisait aux dames les honneurs de sa table champêtre. Elles étaient une douzaine venues en voiture et à cheval. Parmi elles, il choisit la jeune comtesse Hartfeld, comme la dernière venue au pays, pour lui offrir la place près de lui.

Michelle accepta en souriant l’hommage du grand officier, et avec d’autant plus de plaisir qu’elle était un peu isolée parmi les invités qui causaient par groupes sympathiques. Elle, étrangère, encore mal familiarisée avec les finesses de la langue, trouvait agréable d’échapper un peu aux observations des yeux féminins, où, sans doute, pas mal d’envie se pouvait lire.

Sa belle-sœur Edvig ne s’occupait nullement d’elle ; la carabine sur l’épaule, entourée de chiens, elle avait suivi la chasse. Michelle s’assit près de l’amphitryon, les autres dames se piaulèrent au hasard dans la liberté de ce repas champêtre et las hommes se tinrent debout ou assis sur l’herbe derrière elles.

« Mesdames, dit le grand veneur, levant sa coupe de champagne « Prosit[1] », je bois à notre nouvelle compatriote, la comtesse Hartfeld. » Tous les invités répondirent avec entrain, ce fut un choc de cristal ; seule, Edvig Hartfeld ne trempa pas ses lèvres dans son verre, et quand les convives eurent

  1. Souhait allemand intraduisible et très usité.