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DES ORIGINES À GEORGES RODENBACH

Las : la rose de moi, je la sens défleurir,
Je la sens qui se fane et je sens qu’on la cueille.
Mon sang ne coule pas ; on dirait qu’il s’effeuille…
Et puisque la nuit vient, —— j’ai sommeil de mourir.

Dans presque chacun de ses poèmes, la mort revient, et non seulement l’idée, mais le mot :

Douceur du soir ! Douceur de la chambre sans lampe !
Le crépuscule est doux comme une bonne mort
Et l’ombre lentement qui s’insinue et rampe
Se déroule en pensée au plalond. Tout s’endort.

Comme une bonne mort sourit le crépuscule…

Et encore, dans une petite pièce de vers bien jolie, d’ailleurs :

En province, dans la langueur matutinale,
Tinte le carillon, tinte dans la douceur
De l’aube qui regarde avec des yeux de sœur,
Tinte le carillon, —— et sa musique pâle