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LA BELGIQUE LITTÉRAIRE

un jeune homme inquiet et en quête de consolations, il ne paraît pas que les consolations aient été bien abondantes ni bien efficaces, car voici venir une trilogie de désespoir, où parfois il semble qu’ait sombré jusqu’à la raison du poète. Nous sommes en 1887. Cette crise mauvaise ne s’achève qu’en 1891. Après les Soirs, les Débâcles, les Flambeaux Noirs, parut enfin un livre au titre singulier, les Apparus dans mes chemins où l’on retrouve enfin quelque sérénité. La trilogie est vraiment sinistre. On y est accablé par le sentiment de la misère morale, de l’abaissement, de l’inutilité de l’homme,

Et la crainte saisit d’un immortel hiver.

C’est une sorte de fin du monde, de fin de tout, d’écrasement des esprits,