Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/107

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la docilité envers l’homme jusqu’à adopter cet aphorisme, qu’elles ne peuvent comprendre que dans l’extrême perversion sensuelle. On sait cependant que les femmes ont un type particulier de beauté ; les hommes l’ont naturellement flétri du nom de « bellâtre ». Si les femmes étaient sincères, elles auraient également depuis longtemps infligé un nom péjoratif au type de beauté féminine par lequel l’homme se laisse le plus volontiers séduire.

Cette identification de la femme et de la beauté va si loin aujourd’hui qu’on en est arrivé innocemment à nous proposer « l’apothéose de la femme » ; cela veut dire la glorification de la beauté avec toutes les promesses stendhaliennes contenues dans ce mot devenu érotique. La beauté est une femme et la femme est la beauté ; les caricaturistes accentuent le sentiment général en accouplant toujours à une femme, qu’ils tâchent de faire belle, un homme dont ils poussent la laideur jusqu’à la vulgarité la plus basse alors que les jolies femmes sont si rares dans la vie, alors qu’au delà de trente ans la femme est presque toujours inférieure en beauté plastique, âge pour âge, à son mari ou à son amant. Il est vrai que cette infériorité n’est pas plus facile à démontrer qu’à sentir, et que le raisonnement