qu’un homme soit tombé bas pour se croire heureux ! » (Lettre à Jules Janin.)
Poe n’eut pas écrit cela, mais peut-être l’aurait-il compris, quoique avec épouvante. C’est en 1847, peut-être dès 1846, que Baudelaire eut connaissance de quelques contes de Poe, qui ne devait mourir qu’en 1849. Or, malgré la « commotion singulière » qu’il éprouva à cette lecture (Lettre à Armand Fraisse), il ne paraît pas qu’il ait songé à l’écrire à l’auteur. Il ne paraît pas non plus que Poe ait été informé des premières traductions de Baudelaire, publiées en 1848.
Autre aphorisme qui eût indigné Edgar Poe :
« L’amour, c’est le goût de la prostitution. » (Fusées.)
Mais ce mot de dénigrement brutal se transforme en une notion philosophique par les commentaire de Baudelaire :
« Il n’est même pas de plaisir noble qui ne puisse être ramené à la prostitution.
« Dans un spectacle, dans un bal, chacun jouit de tous.
« Qu’est-ce que l’art ? prostitution. »