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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér2, 1913.djvu/14

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« Gustave Flaubert mourut pauvre, ayant donné presque toute sa fortune à son frère, qui avait fait de tristes affaires. Or, un jour, ce frère lui dit, le voyant fumer quelque cigare un peu moins vulgaire :

« Mâtin, tu te paies de beaux cigares ! »

Il avait horreur de Renan, qu’il était allé entendre au Collège de France, et qu’il parodiait sataniquement.

Sa foi, très sincère, des dernières années ne l’empêchait nullement d’imaginer, en paroles, les plus beaux blasphèmes. Nous parlions un soir (son ami M. Merc… était là, et M. de L…) d’une sorte de maison de suicides que l’on pourrait établir, avec tous les moyens les plus variés de mourir offerts aux désespérés. Nous en dressions le catalogue. À bout de trouvailles, Villiers indiqua la crucifixion « pour ceux qui, fatigués d’être hommes, voudraient devenir dieux » !

Mais, ajoutait-il, cela coûterait très cher, plusieurs fortunes, et trouverait-on, parmi les riches, de tels hommes ?

Je dînai chez lui, rue de Douai, avec M. de L…