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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér2, 1913.djvu/83

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habitent, » on ne demande, au contraire, qu’à trouver des sujets de méditation en des affirmations comme celles-ci : « Les races humaines sont intellectuellement inégales ; l’humanité n’est pas perfectible à l’infini. — Les races métisses ont des civilisation métisses. »

Le livre de Gobineau qui fut, de son vivant, le moins inconnu, porte un titre très séduisant pour tous les curieux d’idées et de mœurs : les Religions et les philosophies dans l’Asie centrale. L’auteur, bien instruit par un long séjour en Perse, nous montre comment l’islamisme est superficiel chez tous les peuples non sémites qui ont adopté cette religion. Il y avait de son temps, aux environs de Trébizonde, une population accommodante qui entretenait à la fois des mollahs et des popes (ou l’équivalent) ; les uns lui lisaient le Coran et les autres l’Évangile. Fréquentant la mosquée, le vendredi, ces gens trop dévots ne manquaient aucun des offices dominicaux. On retrouve, paraît-il, un mélange analogue de croyances chez presque tous les Asiatiques occidentaux. Ces hommes, que l’on nous représente comme esclaves d’une civilisation purement traditionnelle, sont au contraire très épris de toutes les nouveautés ; mais, légers, indécis, ils