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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér2, 1913.djvu/84

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n’ont jamais la force de faire entièrement peau neuve et ils accumulent dans leurs cerveaux troublés les notions religieuses ou philosophiques les plus contradictoires.

… Je songe, en passant, qu’un Persan, qui aurait la perspicacité de M. de Gobineau, ferait assez facilement parmi nous des remarques analogues…

Fils de l’antique peuple iranien, qui avait créé cette belle et pure religion de Zoroastre, ces admirables poèmes religieux de l’Avesta, le Persan ne s’est jamais bien accoutumé aux pratiques du mahométisme. Il y a un désaccord certain entre la race et la religion officielle. De là un scepticisme latent qui se traduit par des formules, telles que « L’encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs. » C’est parmi les « mirzas », les fonctionnaires, que règne surtout cette sorte d’incrédulité candide. Ils ne sont pas tout à fait ignorants des affaires intellectuelles de l’Occident. Les Russes leur apportèrent des lumières. Ils savent qu’un personnage singulier exista, qui s’appelait Voltaire, et voici l’idée qu’ils s’en font, ouqu’ils s’en faisaient du temps où M. de Gobineau était ministre plénipotentiaire à Téhéran.

« Valatèr était un écrivain français, mais que