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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér2, 1913.djvu/85

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homme ! un vrai chenapan ! Il se promenait dans les bazars, le bonnet sur l’oreille et la chemise déboutonnée, une main sur le gama, le poing sur la hanche. Il passait ses jours chez les Arméniens, à boire, et ses nuits ailleurs. Ce qu’il avait surtout en haine, bien qu’il fît des malices à chacun, c’étaient les moullas (prêtres). Oh ! pour les moullas, il n’était misères dont il ne les assommât. Aussi ne l’aimaient-ils point et se plaignaient-ils toujours de lui au chef de police. Mais il était madré : il échappait sans peine à toutes les poursuites. Dans ses moments de bonne humeur, il a composé une quantité de chansons qu’on lit encore : les unes sont sur ces infortunés moullas, qu’il arrange de toutes pièces, et les autres sur le vin des Arméniens et les charmes des femmes qu’il fréquentait. C’était un terrible vaurien ! »

Ils parlent également de Napoléon, qu’ils nomment Naplyoun, « prince, disait un haut fonctionnaire, d’une valeur, d’une sagesse et d’une science incomparables » ; mais ils n’ont retenu de son histoire que des anecdotes déformées, pleinement ridicules.

En écrivant les Religions et les philosophies de l’Asie centrale, M. de Gobineau a voulu montrer