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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/158

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de Venise ont leurs prix affichés sur leur porte » ; et cette apostrophe, dans les Actes des Apôtres[1] : « … Vos ennemis mêmes conviennent que la potence est le seul genre d’élévation qui vous manque. … »

Il faut encore nommer, parmi les injustices de Rivarol, Mme de Staël. Et c’est précisément à elle que voici dédié, avec une impertinence un peu dure ; le Petit Dictionnaire des grands hommes de la Révolution[2]. « Publier les noms des grands hommes du jour, c’est vous offrir la liste de vos adorateurs… Tous les bons Français ont été réduits à ne désirer en vous que le bien public et à se sacrifier pour lui entre vos bras… Qu’il est beau, Madame, d’éteindre ainsi l’amour en se prodiguant soi-même, et de faire de la jouissance une peine redoutable au lieu d’une vile récom-

  1. N° 181. Lettre de M. Vilette à M. Riquet-à-l’Enchère.
  2. Que la plupart des historiens, politiques ou littéraires, se sont obstinés, ne connaissant sans doute ni l’un ni l’autre, à confondre avec le Petit Almanach de nos grands hommes. Je lis, par exemple, dans l’ouvrage de M. Herriot sur Madame Récamier (tome I, p. 75), à propos de Mathieu de Montmorency, ce renseignement véritablement un peu confus : « Le comte de Rivarol, qui s’était fait le flatteur de la haute société, lui avait réservé une place dans son célèbre Petit Almanach de nos grands hommes (1788). » C’est naturellement dans le Petit Dictionnaire (1790), ouvrage politique, et non dans le Petit Almanach (1788), ouvrage littéraire, qu’il est question de ce Mathieu, qui faisait alors le libéral et sous la Restauration fit le rétrograde. Quelle justification pour Rivarol, et comme il avait vu clair dans l’enthousiasme naïf ou factice de ces jacobins titrés !