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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/212

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être accordée, enfin, sous la forme d’un petit volume de poésies et de contes choisis que l’on publie dans la collection des plus belles pages de la littérature française. Le texte est dégagé de l’orthographe compliquée qui avait cours au commencement du dix-septième siècle, et voilà un charmant poète de plus, à la portée de tous les amateurs de poésie. Le volume porte comme épigraphe ce vers délicieux et qui contient en même temps toute une philosophie de la vie :

Il faut un peu d’adresse à bien cueillir des roses.

Théophile était fou de la nature, des femmes, des fleurs, des fleuves, des forêts. Né à Glairac, sur les bords du Lot, il fut élevé sur les bords de la Garonne, qu’il chanta dans ses vers avec amour. C’est de là, en passant par la Flèche, où il fit ses études, qu’il vint à Paris chercher la gloire. Protestant, il dut abjurer, pour ne pas mourir de faim, les emplois et les faveurs étant refusés aux tenants de la religion « prétendue réformée ». D’ailleurs, Théophile ne tenait pas plus à une secte qu’à une autre secte : il était parfaitement incrédule et quand, par hasard, il voulait croire à un Dieu, il choisissait celui de Platon. Sa vie à Paris fut celle d’un jeune homme ardent et un peu fou ; il se laissa aller à des fréquentations assez risquées, à des curiosités