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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/213

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fâcheuses, et surtout à des propos imprudents. Ses premiers vers avaient eu beaucoup de succès à la fois à la cour et près de la jeunesse. En peu d’années, il fut populaire : on ne parlait que de lui ; il donnait le ton ; il éclipsait le vieux Malherbe à la veine prudente et un peu avare. C’est dire qu’il se créait par cela même beaucoup d’ennemis. Une cabale se forma contre lui, dont les origines sont demeurées fort obscures. Pourquoi les Jésuites se mirent-ils tout à coup à le persécuter ? On n’en sait rien, mais on connaît le prétexte qu’ils invoquèrent. En 1622, un libraire avide et sans scrupules réimprima, sous le titre de Parnasse des Muses satyriques, un recueil fort connu de vers licencieux ; l’année suivante, pour corser le succès, il ajouta au titre : « Par le sieur Théophile. » Le prétexte était trouvé. Bien que Théophile eût fait aussitôt saisir les exemplaires, bien qu’il eût intenté un procès au libraire, il fut poursuivi, bientôt arrêté, jeté en prison malgré de puissants protecteurs, et peut-être malgré le roi lui-même. Les poursuites étaient à peine commencées qu’un jésuite, le P. Garasse, publiait contre Théophile un gros volume plein d’injures et de mensonges. Un tel ouvrage ne s’improvise pas ; il y avait donc longtemps, peut-être plusieurs années, que les Jésuites organisaient la guerre contre Théophile. A vrai dire, quand on