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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/247

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la vérité de la Réforme. Ils paillardaient ouvertement, Tallemant, très bien placé pour observer les mœurs de ses coreligionnaires, ne nous en a rien caché : il nous a montré, par exemple, telle qu’elle fut, la vie de madame de Rohan.

Il semble d’ailleurs avoir été, à la belle époque de sa vie, sinon libertin, du moins fort tiède en dévotion. Les deux religions lui avaient fourni trop d’anecdotes scandaleuses pour qu’il lui restât beaucoup d’illusions sur leur valeur sociale. Il se convertit, quand tout l’y engageait, pour avoir la paix. Une note de Maucroix nous apprend qu’il abjura le 17 juillet 1685, entre les mains du père Rapin. Il avait eu, à ce moment-là, comme il le dit lui-même dans une épître adressée à ce même père Rapin, des afflictions, des pertes, des disgrâces », et l’on conçoit qu’il ait cédé au mouvement général qui faisait renoncer les protestants de qualité à une religion déconsidérée. On sait aussi qu’il vivait séparé de madame des Réaux, retirée au couvent de Bellechasse.

De temps à autre il ajoutait une note à ses Historiettes ; il collectionnait toutes sortes de petits poèmes et de bons mots qu’on a retrouvés dans ses portefeuilles. Il était homme aussi à méditer sur la vanité des passions humaines et à considérer combien, depuis sa galante jeunesse, était devenu triste le train du monde.