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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/248

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MOLIÈRE ET L’ÉGLISE


M. Abel Lefranc poursuit au Collège de France un cours qui, sur certains points, renouvelle notre connaissance de la vie, des succès et surtout des déboires de Molière. On se rend clairement compte, maintenant, non sans un certain étonnement, que la carrière du grand comique se déroula pendant les années du xviie siècle où l’Église mena la plus vive campagne contre les plaisirs mondains, les spectacles et, en particulier, la comédie. Louis XIV avait, quoique l’on ait dit, une certaine intelligence. Sans doute, il se laissa aller, sur le tard, à persécuter les protestants ; mais il avait de même persécuté les jansénistes. Il n’aimait pas les sectes religieuses ; il considérait la religion comme une chose d’État et il estimait que c’est bien assez d’en avoir une. C’est un point de vue. C’était celui des empereurs romains, qui, pour rester maîtres chez eux, molestèrent un peu les chrétiens, mais si mollement que l’empire, à la fin, fut submergé. Je veux dire que Louis XIV, qui n’aimait pas les innova-