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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/283

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trop chaud. Nulle pari il ne trouve son équilihre. Mais c’est Paris qui lui donne encore les plus fâcheuses impressions.

Le jugement de Dostoïevski sur Paris et les Parisiens est vraiment incroyable. Paris, dit-il, est la ville du monde la plus ennuyeuse et ses habitants forment un peuple dégoûtant d’effrontés et de vauriens. Le Français semble d’abord doux, honnête, poli, mais il est faux, et pour lui l’argent est tout. Aucun idéal, pas de convictions ; pas même de réflexion. Le niveau de l’instruction est très bas, et ce qu’on appelle la science, en Russie, y est à peu près inconnu. Ceci est extrait d’une lettre écrite de Paris au mois de juillet 1862. L’année suivante, il publia dans la revue russe, Vrémia, un récit assez étendu de ses séjours à l’étranger, et principalement à Paris. Le ton est moins brutal que dans ses lettres ; il est ironique et quelquefois assez spirituel. Mais on sent que beaucoup de ces observations sont prises dans les livres bien plutôt que dans la réalité. La méthode de Dostoïevski semble être de se renseigner d’abord, puis d’essayer de vérifier en confrontant les renseignements avec la vie. Un étranger ne peut guère en employer d’autres, quand il ne fait dans un pays qu’un bref séjour. Elle est dangereuse, parce qu’elle détermine d’avance le sens dans