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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/33

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souviendrai toujours duu chapitre sur M. Huysmans, où il démontre qu’A Rebours est construit comme un vaudeville ; c’est la seule fois où M. Brunetière fit de la critique amusante. Mais, comme cela venait mal à propos ! Il malmenait le roman d’un naturaliste, sans comprendre que ce n’était pas un roman naturaliste ; voulant frapper un groupe littéraire il en blessait un autre ; croyant navrer le naturalisme, il raillait le symbolisme naissant, d’où devaient sortir bientôt plusieurs esprits assez disposés à goûter, dans ce qu’ils ont d’heureux, le classicisme et la tradition française. Tel qu’il est, avec ses exagérations, ses méprises et sa mauvaise humeur, ce livre reste peut-être le meilleur travail de M. Brunetière, celui, du moins, qui témoigne qu’il ne vécut pas toujours exclusivement dans le passé et que les nouveautés ne le prenaient pas toujours au dépourvu.

J’admire d’ailleurs sa persévérance à travailler les vieux sujets, ce qui n’est pas, quand on détient une bonne méthode d’investigation, une besogne inutile. La méthode de M. Brunetière est la méthode historique, et c’est là seulement que ses notions sur l’évolution trouvèrent un emploi logique. Il s’attache, en effet, dans ses études à établir la généalogie des idées et des formes littéraires ; il confronte les textes et, tout en se gardant