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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/348

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matière de Bretagne, au cycle d’Arthur ou de la Table-Ronde. Vers le milieu du xiie siècle, il se produisit en Angleterre d’abord, puis en France, un mouvement celtique, assez analogue à ceux qu’on a vus de nos jours, mais plus profond et plus fructueux. Des savants et des poètes, qui en latin, qui en langue vulgaire, entreprirent de faire pénétrer dans la littérature générale les légendes particulières de la race celtique. Gaufrey de Monmouth publie son Historia Britonum (1138) et sa Vita Merlini (1158), ce dernier ouvrage en hexamètres latins ; en même temps, des vies de Saints bretons font leur apparition, toutes surchargées d’un merveilleux particulier ; et en même temps aussi des jongleurs bretons courent la France et l’Angleterre en contant, aux sons de la rote ou de la harpe, les aventures de Tristan. Ces lais celtiques, traduits en français, quelques-uns par Marie de France, semblent l’origine littéraire des grands romans qui chantent Tristan. Mais l’origine réelle de cette légende et de toutes celles du même cycle remonte sans doute aux temps obscurs d’un civilisation bretonne autonome.

Tristan a délivré le roi Marc de Cornouailles d’un monstre qui le menaçait. Marc l’envoie chercher sa fiancée, Iseut. Tristan boit par erreur un philtre destiné au roi et qui doit l’attacher éternel-