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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/368

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Ce docteur (un peu de Cambridge, comme Kit, lui-même) est travaillé par un louable désir de savoir ; il avoue, et ce trait se retrouvera dans Gœthe, un amour de la science poussé jusqu’au consentement à l’abandon, pour une connaissance actuelle et bornée, de la future possibilité de la connaissance absolue ; mais cette science qu’il lui faut, c’est moins celle des Normes que celle du plaisir ; son idéal ne va pas très haut : s’amuser pendant vingt-quatre ans, même à des gamineries, — après on verra ! C’est un Faust tout jeune et, on dirait, encore étudiant ; il a des désirs d’enfant gâté ou de femme malade. Que fera-t-il des démons commis à ses ordres ? Il les enverra à la recherche de l’or, des perles d’Orient, des fruits du Nouveau-Monde, les plus suaves et princièrement délicats :

I’ll have them fly to India for gold
Ransack the ocean for Orient pearl,
And search all corners of the new-found world
For pleasant fruits and princely delicates.

Comme tous les hommes profondément sensuels, il est mélancolique et s’imagine que des plaisirs nouveaux et rares le guériront. Jadis (et maintenant encore on en citerait des exemples), ces sortes d’inquiets se tournaient volontiers vers la magie, comme l’a noté Wierus, lequel est d’ailleurs assez sceptique sur la valeur même des conjurations