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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/417

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qu’en devenant une ordure je devenais une valeur. Alors on m’a fait des offres.

— Je ne comprends pas, dit Achiliardcs

— Attends un peu. Tu es un peu trop bon pour me trahir ; alors, je vais le parler avec franchise, et je crois que cela t’amusera.

— Cela m’intrigue, du moins.

— Je l’ai déjà dit que l’on me surveillait, reprit Oribase, et tu voudrais bien savoir qui, n’est-ce pas ? Eh bien, c’étaient les prêtres même d’Artémis, ceux que j’ai violemment traînés dans la boue. Tu sais comme ils sont aux aguets de toutes les forces sociales, grandes ou petites, qu’ils espèrent pouvoir détourner à leur profit. Or, considérant l’état dans lequel j’étais tombé, ils se sont dit que, s’ils venaient à mon secours, je leur marquerais sans doute de la reconnaissance. L’aventure qu’ils ont eue avec Taxilos ne les a pas découragés. Ils savent d’ailleurs que je ne suis pas un Taxilos et que je n’ai qu’une avidité, celle de la gloire. Mon désintéressement leur a suggéré des procédés délicats et, en vérité, je suis déjà reconnaissant.

— Toi, l’ennemi des dieux ! Toi, le disciple d’Epicure !


— Que veux-tu, ils ont su me prendre. Tiens !

Et Oribase sortit de son sein un morceau de parchemin.