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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/44

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abuser de ces comparaisons ; les pousser jusqu’au détail est absurde, n’apprend rien et même fait sourire les hommes un peu renseignés et qui comprennent que les mêmes buts peuvent être atteints par des moyens différents : aucun personnage de la révolution française n’est essentiel. Il paraît bien, d’ailleurs, que le but de Chateaubriand étaif, beaucoup moins de rédiger une histoire générale des révolutions que de donner au public le résultat de ses réflexions sur la crise que subissait encore la France. L’Essai est, s’il en fut jamais, un ouvrage d’actualité. Le prospectus lancé en 1796, un an avant la mise en vente de l’ouvrage, en détermine bien le vrai caractère. Le voici :

Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes considérées dans leurs rapports avec la révolution française de nos jours, ou examen de ces questions :

I. Quelles sont les révolutions arrivées dans les gouvernements des hommes ; quel était alors l’état de la société et quelle a été l’influence de ces révolutions sur l’âge où elles éclatèrent et les siècles qui les suivirent ?

II. Parmi ces révolutions, en est-il quelques-unes qui, par l’esprit, les mœurs et les lumières des temps, puissent se comparer à la révolution actuelle de la France ?

III. Quelles sont les causes primitives de cette dernière révolution et celles qui en ont opéré le développement soudain ?