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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/73

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cal : « Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. » Tel est le fondement du droit. La troisième idée de Rousseau n’y contredit pas, parce que la volonté générale, si elle se concentre à être bien une volonté, aura toujours le dernier mot. M. Lasserre a beau dire que « volonté générale », ce n’est qu’une expression mythologique, des faits de force populaire ont montré que, sous cette mythologie, il y a parfois une réalité.

On ne voit pas bien comment tout cela se rattache au romantisme, à moins que le romantisme ne soit considéré comme l’état d’esprit même du dix-neuvième siècle. Admettons-le. Nous aurions donc, venant de Rousseau, le romantisme politique, le romantisme social, tel qu’il s’est développé non seulement dans l’action, mais aussi dans le rêve humanitaire de George Sand, de Michelet, des récents anarchistes. C’est possible, quoique je pense que l’on oublie plusieurs autres sources, notamment les Saint-Simoniens et Byron.

Je voudrais encore examiner ce que l’on a appelé le droit au bonheur. Absurde sous cette forme, l’idée est fondamentale, si on dit : le droit à la recherche du bonheur. Ce n’est pas Rousseau qui a inventé cela, mais en exaltant le bonheur passionnel, il a enfiévré les chercheurs. « Le ciel roman-